lunes, 30 de junio de 2008

SALLE POLYVALENTE FOKAL-UNESCO / « Desandann », un spectacle total

Par Antoine-Hubert Louis
bruitsderrances04@yahoo.fr


C'est le groupe « Desandann » qui avait animé la partie culturelle de la cérémonie officielle qui devait lancer le carnaval de Port-au-Prince. Cette prestation était donnée au palais national en présence du président de la République, René Garcia Préval (hôte des 39 reines et des 21 rois qui devaient trôner lors du carnaval 2008). Ces cubains d'origine haïtienne ont offert un autre spectacle à la Salle polyvalente Fokal-Unesco. Du créole à l'espagnol, des musiques traditionnelles haïtiennes à celles de Cuba et ceci, sur fond de chorégraphie, les dix musiciens de « Desandann » ont présenté un spectacle total.

Vendredi huit janvier. Salle polyvalente Fokal-Unesco. Six (6) heures 35 du soir. Un silence de cathédrale règne dans la salle complètement remplie. Sur les planches, presque toutes les lumières sont éteintes. Ceci confère un aspect de lieu de méditation au podium tout en laissant entrevoir ce coin de la scène d'où sortiront les dix artistes de « Desandann ».

On aperçoit des silhouettes qui s'amènent. Chacun se positionne et prend la place qui lui revient. Quand les lumières se rallument, elles découvrent dix personnes, dont cinq femmes pdebout en avant-plan et vêtues de corsages mauves d'où se détachent des nervures couleur d'argent. Les divas se mettent en mouvement et commencent à exécuter des pas de danse alors que des voix bien orchestrées tiennent lieu d'instruments. Cela augure bien.

Chansons traditionnelles d'Haïti
C'est avec « Moutcho woulo frè mwen» (acepella de « Boukan ginen » interprété par Eddy François) que ce groupe de cubains d'origine haïtienne, d'où le nom de «Desandann, a débuté le spectacle. Une voix profonde, celle de Fidel, part de l'arrière-plan et laisse entendre « Moutcho woulooo, frè mwen (bis) (.) Eee, gen lontan n ap chache, yon kote pou nou tout ka viv anpè vre ». Avec beaucoup de souffle, ce trémolo digne d'une voix puissante et envoûtante nous a fait revivre cette musique que, pourtant, nous croyions bien connaître jusque-là.

Après Fidel, ce fut le tour d'Emillia. Elle s'amène, pirouette sur ellemême, elle sait communiquer, et avec sa voix et avec son corps. Elle a su interpréter, avec autant de meastria que Fidel, « Lawouze wa yo simbi kanga (bis), manman m voye m nan mache. ». Ce groupe vocal s'est très peu servi d'instruments. De l'orchestration de leur voix respective, il sort une harmonie qui rappelle un concerto pour harpes. Les musiciens sont à la fois instrumentistes et leads vocaux. C'est le cas de Marcel qui laisse son instrument pour chanter « Si yo kwè ya manyen mwen », entre temps, il invite le public à se mettre debout pour fredonner et danser avec lui.

Ensuite, d'une expressivité corporelle digne d'une ancienne chorégraphe, c'est Milena qui a eu à interpréter « Marasa Élou ». Tant par la justesse que par la beauté de sa voix, elle n'a pas trahi la promesse de ses prédécesseurs. « Desandann » a profité de ce spectacle pour revisiter : « Wangolo wale, Simbi nan dlo ». D'une voix nostalgique, Milena a su revitaliser « Nan fon bwa de Ticorne ». Sur fonds d'autres musiques traditionnelles haïtiennes dont « Latibonit, Solèy ô, Larèn Solèy, les musiciens de « Desandann » ont fait du rara, de l'opéra, de l'acapella et du négro spiritual, musique des afroaméricains dont elle rappelle une certaine filiation haïtienne.

Musique traditionnelle cubaine
Dans l'intention d'assumer sa double appartenance culturelle, « Desandann » a aussi joué des musiques traditionnelles cubaines. Ils ont interprété des « Wawanco » telles «Cañan» par Milena, «Doulce Embeleso» par Fidel. Des « Tchang-tchang faisaient aussi partie intégrante du spectacle. Mentionnons « Compas secundo ». En souvenirs des enfants de Ouanaminhthe avec qui ils ont préalablement travaillé, ils ont chanté « Guatalamena ». Sur l'insistance du public, en dépit du fait que l'interprète titulaire de cette chanson n'avait pu faire le déplacement, ils ont aussi interprété un extrait de « Haste siempre Commandante ».

Il ne s'agissait pas seulement de tours de chants traditionnels d'Haïti et de Cuba. Les femmes de « Desandann » ont, à maintes reprises, déposé leur micro pour exécuter des chorégraphies inspirées des folklores haïtien et cubain. Façon de revendiquer leur héritage de fils, de petits-fils et d'arrièrepetits d'haïtiens. Emilia elle-même, en rend témoigne. « Ma grand-mère a toujours refusé de délaisser son créole au profit de l'espagnol. Enfin, elle avait raison de nous forcer à parler créole, affirme Emilia ».

C'est une belle chose que de pouvoir m'adresser à vous directement en créole, n'est-ce pas », complète-elle. Jean François Wilkenson, Mizelie Fanor et Rachelle Valentin, tous trois étudiants de l'École nationale des Arts (Enarts), ont remis un Lambi - conque de mer - à Emilia en guise de remerciement. Ceci témoigne de la reconnaissance des étudiants en musique de l'Enarts, au « Desandann » pour le travail accompli durant son passage dans le pays. En plus du jazzman Turgot Théodat, actuel directeur de l'Enarts, on pouvait remarquer dans l'assistance, Magali Comeau Denis, ancienne ministre de la Culture et de la communication, Stéphanie Séjour dit Tifane et Eddy Lubin, titulaire du ministère de la Culture et de la communication


mercredi 13 février 2008

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